11 novembre 2005
Les Ellezellois en 1915 (2ème partie)
Discours prononcé le 11 novembre 2005 par Carlos Derbaise, animateur du Front Unique d'Ellezelles ;
Le 11 novembre 2004, 90 ans après les faits, nous avons laissé l'armée belge épuisée, mais avec tous nos alliés, victorieuses des hordes teutonnes qui voulaient à tous prix rompre le front de l'Yser..
Tout d'abord une petite rectification. Je vous disais Auguste Demanet porté disparu lors de la retraite d'Anvers .
Il est en réalité mort le 22 août 1914 à Bonine près de Namur, lors du siège de la ville. Il est le premier Ellezellois à perdre la vie.
L'organisation du front.
Fin novembre 1914 , après la chute de Dixmude, le front belge était stabilisé et s'étendait de Nieuport au fort de Knocke, au confluent de l'Yser et de l'Yperlée.
Mais, malgré l'épuisement des hommes , il ne fut pas encore question de repos. Dans une région ruinée, inondée, l'armée belge, comme les autres, organisa une ligne défensive efficace. Il fallait se protéger d'attaques toujours possibles. On créa sur plusieurs lignes, près de 400 km de tranchées et de terrassements,. Cependant. dans la région de l'Yser, il est impossible de creuser le sol, l'eau remplit rapidement le moindre trou. Les " tranchées " belges furent élevées au dessus du sol, en matériaux rapportés. Des millions de sacs furent remplis de terre ; on "mettait la patrie dans des sacs".
Pendant que les fantassins creusaient ou édifiaient des tranchées, les troupes du génie élevaient des abris, des redoutes, des postes de combat ou de secours,… Tous ces travaux, déjà pénibles en soi, étaient réalisés sous les tirs de l'artillerie, des mitrailleuses ou de tireurs d'élite allemands. Beaucoup de nos hommes y perdirent la vie.
Lors de la réalisation de ces travaux, souvent à refaire, un Ellezellois, Amédée Jourert, sergent au génie, est grièvement blessé à Noordschoote, et décède le 1 juin 1915 à Pollinkkove.
Le début de la Garde sacrée.
Le front stable et la défense organisée, la " Garde sacrée " du dernier lambeau de notre patrie commençait . Elle allait durer près de quatre ans.
L'hiver 14/15 se passa sans combat important ; envahisseurs et défenseurs étaient épuisés. L'ennemi se borna à canonner d'une façon intermittente les abords de l'Yser.
Pour 1915, un événement grave doit cependant être signalé. En avril, le front tenu par les Belges s'était allongé vers le sud, jusqu'au pont de Steenstraete ; les Français prolongeaient la ligne.
Le 22 avril, un violent bombardement sur la zone française à la jonction des deux armées, précéda l'arrivée d'un nuage opaque poussé au ras du sol par une brise de nord-est. Les Allemands venaient pour la première fois de faire usage de gaz asphyxiants dont l'emploi sur le champ de bataille était interdit. Cette lacheté fut suivie d'une violente attaque. Les Allemands passent le canal. Moins atteints que les Français , nos grenadiers firent face pour éviter la rupture du front. Ils résistèrent trois jours jusqu'à l'arrivée de renforts suffisants. Le combat de Steenstraete a coûté à notre armée plus de 1500 hommes. Une dizaine de grenadiers ellezellois participèrent à ce combat.
Sur le front de l'Yser, l'année 1915 s'acheva dans un calme relatif.
La guerre en Afrique.
Il n'était pas dans mon intention de vous parler de la guerre en Afrique. Une découverte surprenante m'a fait changer d'avis.
En 1914, le très jeune Congo belge avait comme voisine l'Afrique orientale allemande. Là-bas non plus , rien n'était prévu en vue d'une guerre. Il fallu créer et organiser une force armée..
Dès le début des hostilités en Europe, la frontière, dans la région des lacs Kivu et Tanganika, était sans cesse menacée et perturbée par des incursions allemandes, attaques surprises, bombardement d'artillerie. Défaites et victoires se succèdent sans avoir de conséquences importantes pour notre colonie.
C'est au cours d'un de ces engagements qu'un Ellezellois de naissance, le capitaine Léon DEFOIN, perdit la vie le 27 novembre 1915, à Tshangarne, à la frontière rwandaise actuelle. Si son nom ne figure pas sur notre monument. Né le 21 septembre 1883 à Ellezelles, Léon Defoin n'y vécu que peu de temps ; il était le fils du chef de gare de l'époque.
En 1916, les Belges préparent une offensive sur le Rwanda dans le but de prendre Tabora, la capitale de la colonie allemande. Après de multiples et pénibles aventures, Kigali, capitale de la province du Rwanda est prise le 30 avril, Nyanza, capitale du royaume des Watuzis, alliés des Allemands, tombe le 19 mai et, le 19 septembre les Belges entrent en vainqueurs à Tabora.
Une des grandes figures de notre village, le capitaine Fernand Hermant, prit part à cette fantastique épopée.
(mise à jour du 7 avril 2009)
Ci-dessous quelques photos de la tombe de Léon Defoin tombé à Tshangarne. Ces photos nous ont été transmises par René Van Acker, petit neveu de Léon Defoin. Ces photos ont été prises en 1971.
Articles complémentaires:
- 60 ans après le débarquement
- Le Combat de Wodecq.
- Le Mémorial ellezellois des prisonniers politiques.
- Les Ellezellois et la défense de la Belgique en 1914
- 8 mai 2005, discours de Louis Beaucamp
- Les Ellezellois en 1915 (2ème partie)
- Les Ellezellois en 1916 (3ème partie)
- Les Ellezellois en 1917 (4ème partie)
- Les Ellezellois en 1918 (5ème partie)
- Les annonces à l'église d'Ellezelles concernant la Guerre 1914-1918.
- Commémoration 7 septembre 2008 du combat de Wodecq
- Après 1562 jours de combat; la machine à tuer, soudain, s'arrête. (2009)