Dossier : Nô Mayeur Michel Rasson
L'ultime farce de Michel Rasson
C'est la dernière «farce» de Michel Rasson. Mais elle fait pleurer tout Ellezelles, toute une région. L'ancien bourgmestre s'est éteint, hier après-midi.
On gardera à jamais en mémoire son sourire, ses cheveux «à la Beethoven». Ses bons mots. Et sa gentillesse, son sens du service. Chez Michel, on téléphonait jour et nuit. Son bureau, c'était sa cuisine ou son « avant-cuisine», on ne savait plus très bien d'ailleurs.
On redoutait l'ultime «farce», cruelle celle-là, du mandataire politique autodidacte et polyvalent. Hier après-midi, après des mois de bataille contre une maladie implacable, Michel Rasson a quitté la grande scène de la vie. Il laisse une foule muette de douleur.
Facteur et agent des postes, conseiller communal, échevin, conseiller provincial. Mais aussi animateur lors de soirées (comme pour «miss foire» à Ath), ou encore de manière improvisée sur la caravane du tour de France à Lahamaide en 1977.
Un «serviteur» de la population
Michel Rasson avait le don assez extraordinaire de s'adapter aux situations les plus diverses. Mais aussi de pouvoir écouter les plus «grands» comme les plus humbles. «Ma plus grande satisfaction, c'est de pouvoir servir la population» nous expliquait-il au moment où il devint bourgmestre en 1995. «Je suis fils de petits fermiers et j'ai eu une maman handicapée. Je suis un autodidacte. (...°) Je n'avais pas d'ambitions définies lorsque j'étais jeune. C'est en rencontrant des cas sociaux que j'ai souhaité être un "serviteur" de la population. Je reçois des gens jusqu'à minuit. J'aime cela. Je ne demande rien d'autre que l'amitié du peuple comme récompense...»
Son amitié, le peuple lui rendait effectivement fort bien. Ici et là, à chaque fête populaire. Ou encore et surtout lors des scrutins : Michel Rasson avait placé la barre très haut en termes de «voix de préférence», récoltant notamment quelque 6000 voix à la Province.
«J'ai toujours eu le souci de vouloir conserver à notre commune le bien-être et l'harmonie dans lesquels elle a su s'installer à force de bonne volonté et de bon sens» notait-il devant le Conseil communal, à la fin de son mandat.
Pragmatique, Michel Rasson relayait sans réserve particratique les interpellations des uns et des autres, essayant de dénouer modestement les problèmes de ses concitoyens. Pragmatique, il l'était aussi dans son lexique, particulièrement imagé. Personne n'oubliera les «taupes», les «bovidés», les «coqs de bruyère» de cet artisan-musicien qui en avait ébahi plus d'un avec son peigne en guise d'harmonica.
Francis HOSTRAETE
Source : www.actu24.be
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