Le sport colombophile à Ellezelles.
(Entretien de Louis Beaucamp avec Omer Massez (1), le plus ancien colombophile de la société « L'Hirondelle » d'Ellezelles.)
Omer
Oui, le Plus ancien de cette société mais le plus ancien colombophile d’Ellezelles, c'est Michel Vandereecken, un nonagénaire bien mordu.
Louis
Omer, tu parles de « l'Hirondelle » où était son local et quelles sont les autres sociétés de la région?
Omer
L’Hirondelle que tu as bien connu, ton père en était un membre assidu, avait son local chez Michel dou p'tit Pir Michel Duprez, à la rue Jean Vinois.
Des sociétés, il devait y en avoir 5 à Ellezelles, 2 0 à Wodecq et 1 à La Hamaide.
Au Pont, près de chez toi, il y avait « La Justice », chez André Brédart André Demartin.
A la Gare, après le passage à niveau, à gauche, une autre société « Union et Liberté » tenue par Camille Pessemier et après son décès, elle émigre chez Elza Vandenabeele.
Au Crimont, on enlogeait au Crapant Café Thienpont.
Au Grand Monchaut, on allait chez Jean Ronsse.
Louis
Mais j'ai parfois été porter des constateurs ailleurs!
Omer
Oui, les jours de kermesse, il y avait des concours spéciaux. Par exemple, à la ducasse Jean-Jean, on enlogeait chez Achille dou Strou Achille Meunier, à la rue d' Audenarde.
Un autre concours était organisé sur la Grand Place chez Adhémar Roman, (au Gros Charlot) au profit de la caisse des Anciens Combattants.
Louis
Te souviens-tu des concours très emballants à la ducasse du Pont ?
Omer
Bien sûr, un grand constateur était placé sur une table face au Prince Adolphe Cansier. Les lâchers se faisaient dans un endroit pas très éloigné mais je ne me souviens d'où.
Louis
Moi, non plus, nous étions des gamins et nos intérêts étaient portés sur la suite du concours.
Omer
Nos parents, après avoir retrouvé leurs pigeons, plaçaient les bagues en caoutchouc dans un large étui cylindrique et nous envoyaient, au pas de course, pour être dans les premiers, les placer dans le constateur. Les prix consistaient en tartes à maton et nous étions bien heureux d'en recevoir un quartier.
Louis
Quels étaient les personnages importants dans l'organisation des concours ?
Omer
Il y avait Varis Dou Boïet Evariste Beauchamp qui notait les résultats.
Le géomètre Delson Tom Adelson Dubois qui calculait les « coordonnées » (distance du pigeonnier au lieu du lâcher)
Le secrétaire prenait toutes les données concernant l'inscription des pigeons concurrents, le propriétaire et le numéro de la bague.
Un responsable surveillait l'enlogement et le bagage des pigeons.
Louis
J'ai souvent entendu parler du Jeu au veuvage.
Omer
Dans le temps, je me souviens que ce jeu était interdit mais je n'ai jamais connu de contrôle et maintenant on n'en parle plus.
Louis
Il y avait beaucoup de sociétés colombophiles, il y avait tant d'amateurs que ça?
Omer
Dans le coin où nous vivions, disons qu'une maison sur trois possédait é coulébi un pigeonnier.
Louis
Actuellement, il n'y a plus qu'une société. Le sport colombophile ne va-t-il pas disparaître ?
Omer
Certainement pas. Je connais de jeunes amateurs acharnés. Mais c'est évident que bien d'autres distractions attirent les jeunes.
Louis
Et toi Omer, ardent octogénaire, tu montres l'exemple. C'est très bien.
Omer
En conclusion de notre agréable entretien, je te fais une confidence.
Je me sens parfois fatigué et l'an prochain, j'arrête les concours.
Mais je garde mes pigeons, je continuerai à soigner mes très fidèles amis.
(1) Omer et moi nous étions voisins et grands amis. Il était président des Anciens Combattants. Il n'a pu jouir longtemps du plaisir de parler avec ses pigeons. Deux ans après notre entretien, Omer nous quittait.
Cet entretien a eu lieu dans le courant de l’été 2004
Louis Beaucamp